2015-02-13

Les Boîtes Électriques, une piste pour diversifier la pratique musicale à l'école ?



Les Boîtes Électriques, une piste pour diversifier la pratique musicale à l'école ?

 


Il y a quatre ans Guillaume Martial, alors professeur à l’école de musique de Rock et Chanson à Talence dans la banlieue bordelaise, a eu l'idée de créer un dispositif pour les ateliers d'éveil musical. Le principe était simple et tiré de son expérience de musicien de scène et de studio. Il proposait de faire jouer par un ordinateur huit pistes simultanément comme sur un enregistrement multipistes et grâce à des capteurs logés dans de petites boîtes colorées, le dispositif permettait à des joueurs d'ouvrir et de fermer le son de chacune de ces pistes.

pour se faire une idée : Les Boîtes Electriques

Aujourd'hui le dispositif, après avoir été développé et testé de façon expérimentale dans de nombreux contextes (ateliers d’éveil, ateliers en médiathèque, interventions dans le cadre hospitalier et avec toutes sortes de publics), entre dans une phase de « bêta tests ». Soutenu par la Région Aquitaine, Canopé Aquitaine et l'Education Nationale, le dispositif est proposé à des enseignants pour une utilisation autonome en classe.

Une session de formation vient d'avoir lieu ces derniers jours au LaBRI / SCRIME, au cours de laquelle sept enseignants ont découvert le dispositif et ont été accompagnés dans leur projet d’intégration de ce nouvel outil musical en classe.



Durant cette formation initiale, chaque enseignant a pu découvrir l'instrument et définir l'axe de son utilisation en classe : conception de paysages sonores, travail autour de l’interprétation, de la danse, du codage... Les Boîtes Électriques renouvellent complètement la notion de pratique musicale en classe. Les élèves peuvent travailler à concevoir et structurer des moments de musique sans pour autant avoir à apprendre et maîtriser une technique instrumentale. Les boîtes se chargent de jouer des boucles pré- enregistrées et les élèves peuvent ainsi composer avec.
Le modèle pédagogique est celui proposé par François Delalande, qui nous invite depuis des années à considérer qu'il est important de développer chez les élèves des compétences musicales (travail sur l’écoute, le geste musical, la créativité...) avant d'entrer dans l'apprentissage d'une technique instrumentale : commencer par apprendre à penser la musique.

Cette première prise de contact débouchera en Mars et Avril 2015 sur la mise à disposition d'un dispositif dans la classe de chaque enseignant pendant trois semaines.


Les enseignants auront ainsi la possibilité de mettre en œuvre « Les Boîtes Électriques » dans leur classe. Leurs retours d'expériences permettront d'enrichir les propositions pédagogiques du livret d'accompagnement en cours d'élaboration. Dans sa version finalisée, le dispositif pourra, grâce au Réseau Canopé être proposé en prêt aux enseignants. Cette proposition devrait permettre à des enseignants même néophytes en musique de proposer à leurs élèves un outil simple à mettre en œuvre tout en permettant une pratique et des réalisations musicales de qualité. Une autre façon de faire entrer l'école dans le numérique par la pratique et la création. A suivre !!!


Les Formateurs :
Marc du Mas de Paysac : Responsable du pôle transmission / Arema Rock et Chanson
Guillaume Martial : Artiste pédagogue associé
Philippe Guillem : Professeur des Écoles Maître Formateur en Musique





2015-02-01

Citoyenneté et Numérique dès l'Ecole Maternelle : Exercer sa citoyenneté / Travaux Pratiques

Citoyenneté et Numérique dès l’École Maternelle : Exercer sa citoyenneté / Travaux Pratiques 


Un petit retour au siècle dernier ! 1989, la citoyenneté apparait dans le premier article de la Loi d’Orientation du 14/07/1989

Le droit à l'éducation est garanti à chacun, afin de lui permettre de développer sa personnalité, d'élever son niveau de formation initiale et continue, de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle,  d'exercer sa citoyenneté.
Exercer sa citoyenneté ; l'idée est reprise dès juin 2000 dans le Code de l’Éducation la fin du premier article L111-1  et  figure toujours dans l'actuelle version du 10 juillet 2013


Exercer sa citoyenneté, c'est avant tout "être un citoyen actif" prenant part à la vie politique en votant, et/ou se présentant aux élections. Le vote est un droit constituant de la qualité de citoyen. Force est de constater que cette qualité de citoyen n'est pas reconnue en France avant l'âge de 18 ans, âge auquel chacun est responsable de ses actes devant la loi et accède au vote.

Si à sa majorité un(e) jeune(e) citoyen(ne) veut pouvoir jouir pleinement de ses droits en toute liberté encore faut il qu'il sache ce que ces droits recouvrent et particulièrement le droit de vote. Qu'il ait bien à l'esprit que l'expression de ce droit de vote influence le fonctionnement de la société dans laquelle il vit, mais aussi que les choix qu'il exprime lors d'un vote conditionnent  des éléments et des décisions beaucoup plus proches de son quotidien.

Ce constat invite donc à réfléchir à la manière de  préparer les citoyens en devenir que sont nos élèves, à exercer pleinement leur citoyenneté . 

Des élections à l'école maternelle, une éducation à la citoyenneté dès le plus jeune âge grâce à des situation qui ont du sens pour les élèves c'est là , l'ambition de ce projet.

Philippe Meirieu * nous rappelle que par les rituels, " l’enfant apprend à s’inscrire dans le monde, à développer sa liberté dans une collectivité." Quand des chercheurs tels que Christophe Voilliot ** nous affirment que " La fabrication d'un rituel électoral s'inscrit toujours dans une histoire collective singulière par laquelle l'ordre politique s'inscrit dans un ordre social." pourquoi ne pas commencer dès l'école maternelle ?

 S' il est actuellement un lieu où des rituels perdurent, rythment et structurent le temps de la journée, de l'année ( à l'accueil le matin , avant de chanter , avant une histoire en fin de journée, lors des diverses fêtes, à la fin de l'année ...) , un lieu ou les rituels font partie intégrante des processus d'apprentissages c'est bien notre école maternelle.



Travaux Pratiques en Moyenne et Grande Section.


Dans cette classe de moyenne et grande section de l'école Albert Camus à Talence (33)
nous utilisons chaque jour le réseau social libre Babytwit pour informer et échanger avec les parents sur les activités de la classe. Une sorte de cahier journal interactif et quotidien en ligne.Tous le jours nous avons à choisir collectivement un sujet de message. (Le projet écriture sur les réseaux sociaux en maternelle )

Le principe de la publication est le suivant . Tous les jours, en grand groupe, les élèves proposent trois sujets de messages pour l'information des parents. Immanquablement se pose le problème du choix.

 Le vote pour apprendre à choisir et à renoncer aussi ...

L'écriture des premiers messages de l'année est toujours l'occasion de se questionner sur les modalités de se choix. Les échanges et les débats s'accordent finalement sur une proposition du maître : "Des élections"  . On parle choix, vote, sujet, majorité, élection, acceptation du résultat ... Les premiers votes sont l'occasion pour certains d'une belle joie partagée et  pour d'autres de la difficile expérience de l'acceptation du choix collectif et du renoncement au choix personnel.

En début d'année la classe s'accorde sur un fonctionnement assez simple.
 
La procédure :
  • Les élèves négocient entre eux avec l'aide de l'enseignant et proposent 3 sujets .
  •  Au tableau l'enseignant dessine un pictogramme permettant à chaque élève d'identifier chaque sujet.
  • Individuellement chaque élève vient inscrire un trait sous le sujet qu'il a choisi.
  • Il est procédé devant tout le monde à une comparaison du nombre de traits obtenus par chaque sujet.
  • Un sujet est élu comme sujet du message du jour à la majorité de votes.
  • Un tweet est écrit sur le sujet choisi 
  • Il est publié par les élèves pour les parents

 photo Sud Ouest Sylvain Cottin et Marie Deshayes
  
La procédure du vote détaillée plus haut est finalement assez proche d'une définition du rite considéré comme: " ce qui détaille le contenu, la périodicité et l'ordre prescrit des cérémonies qui se pratiquent (dans une religion ou) dans une société" Instituer le vote en classe semble bien porter une valeur rituelle sociale.

 Au delà de l'institution et du renforcement d'un ordre social lié à l' activité de voter, instaurer un tel rituel à cet âge (4 à 6 ans)  présente aussi le second intérêt de répondre aux besoins des enfants de cet âge de complexifier leurs jeux symboliques pour progressivement passer aux jeux à règles (Piaget)

Autre élément s' il en faut pour aller vers ces pratiques de vote ritualisées;  Fabrice Clément à propos du rituel considère que l'on peut émettre l’hypothèse que bon nombre de rituels perdurent parce qu’ils ont la propriété de transformer de l’obligatoire en désirable *** 
C'est effectivement ce qu'il est possible de constater en classe. Après les ateliers, les élèves attendent le rituel du vote qui d'ailleurs se passe bien souvent dans une silence quasi religieux. Le moment du vote prépare et installe le temps de l'écriture, dans le désir des élèves. Après le vote et la tension de l'attente du résultat, impossible de ne pas passer à l'écriture cela n'aurait pas de sens.. Voter en classe semble faire naître ou du moins conforter ce désir dont les élèves ont tant besoin pour apprendre. Pourquoi donc s'en priver ?

Quand le Printemps renouvelle le rite ...

Pratiquement chaque année voit au printemps venir le temps des élections. C'est alors l'occasion de demander aux élèves s' ils ont participé de prêt ou de loin à ce scrutin. Certains sont déjà capable de décrire les diverses étapes du vote , les bulletin les isoloirs... pour d'autre c'est une découverte.
Pour la classe c'est donc l'occasion de faire le lien entre les élections de la classe et celles 
de leurs parents.

L' occasion donc de faire évoluer le rituel de la classe pour le rendre plus conforme à celui de la société. De nouvelles modalités sont alors instaurées avec l'aide des élèves qui ont assistés aux élections.

Le second rituel :
  • Les élèves négocient entre eux avec l'aide de l'enseignant et proposent 3 sujets .
  •  Au tableau l'enseignant dessine un pictogramme permettant à chaque élève d'identifier chaque sujet et assigne à chacun une couleur (Bleu Blanc et Rouge !!! Au départ j'ai cru à une coïncidence car c'étaient les couleurs des aimants que j'utilisais pour repérer les sujets sur le tableau, mais je n'y crois plus ;-)
  • Les élèves prennent un jeton de chaque couleur.
  • Ils choisissent celui correspondant à leur choix et le mettent dans l'urne.
  • L'urne est ouverte en public et les jetons sont comptés et comparés au nombre d'élèves de la classe (il ne doit pas y en avoir plus !)
  • Les jetons sont alignés par couleur pour déterminer le sujet qui a obtenu le plus de voix.

Il est aussi intéressant de constater que le vote est à présent dans cette classe reconnu par les élèves comme outils de décision collective. Ils proposent spontanément de l'utiliser dans d'autres situations.

Le numérique ...   A suivre !

A l'école maternelle nous avons à voir loin; nos élèves seront majeurs dans plus de dix ans. Dans le cadre d'un partenariat entre la classe et l' IUT d'Informatique de Bordeaux, j'ai proposé à des étudiants de travailler au développement d'une application Android de vote électronique.


De cette collaboration est en train de naître  BoitAvot'

Suivi du projet ICI

Prévue au départ pour notre classe afin d'utiliser la tablette comme collecteur de votes, nous avons choisi de l'étoffer en proposant de pouvoir y enregistrer plusieurs classes ainsi que la liste des élèves, un nombre de sujets variable ...


Les résultats seront affichés sous différentes formes mais  la machine ne donnera pas directement le résultat. Elle en proposera une mise en forme graphique qui servira de base au travail des élèves qui devront analyser ces données. Un occasion de mettre en place des situations de mathématique sur la construction du nombre.

L'application est disponible ici   BoiTavoT' 
Pour Android 4.3 et suivants


Une Démo BoiTavot' 

Si vous utilisez l'application merci de bien vouloir faire un petit retour sur votre pratique


 

Sources et Références

La Citoyenneté à l'école maternelle dès le plus jeune âge par  Annie Martin (AGEEM Gironde)
http://www.rgpe.u-bordeaux2.fr/actions_europeennes/grundtvig1/ressources/reflexions_citoyennete_pdf/ref9.pdf

Eduscol : La citoyenneté par l'éducation
http://media.eduscol.education.fr/file/Formation_continue_enseignants/24/2/citoyennete_actes_2partie_110242.pdf 
 
*  Philippe Meirieu : Des rituels, oui… mais lesquels ?
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/01/30012015Article635581990197013615.aspx 

**  Christophe VOILLIOT, « ÉLECTIONS - Histoire des élections  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 31 janvier 2015. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/elections-histoire-des-elections/

***  Fabrice Clément  : Des jeux symboliques aux rituels collectifs. Quelques apports de la psychologie du développement à l’étude du symbolisme
http://www.fabriceclement.net/doc/27.pdf




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#7 Ateliers de Musique Numérique de Talence 2015

                               Depuis 2009 chaque année le SCRIME et l'Association DOLABIP à Talence en Gironde dans la banlieue bordelaises accueille des compositeurs contemporains et des classes pour des rencontres au cours desquelles naissent de riches échanges et de merveilleux moments de pratique musicale.
Ateliers de Musique Numérique de Talence #7Ce partenariat entre Le SCRIME (Studio de Création et de Recherche en Informatique et Musique  Electroacoustique  LaBRI Université de Bordeaux 1) l'Association DOLABIP (Recherche et Diffusion de la pédagogie des instruments électroacoustiques). Depuis sa création ces rencontres, ont permis à  plus de 1500 élèves de rencontrer la création musicale contemporaine, d'échanger avec les compositeurs et de jouer sur des dispositifs musicaux qui d'ordinaire restent confidenciels.
Depuis 2009 l'Association DOLABIP et le SCRIME (Studio de Création et de Recherche en Informatique et Musique  Electroacoustique  LaBRI Université de Bordeaux 1 ) organisent dans le cadre de la Semaine du Son les Ateliers de Musique Numérique de Talence.
L'idée de ces ateliers est née en 2005 d'une rencontre avec François Delalande spécialiste de l'étude des conduites pré-musicales de l'enfant et application à la pédagogie. Nous travaiillons alors avec Gyorgy Kurtag Jr  dans le cadre du SCRIME sur DOLABIP un dispositif permettant de controler finement les paramètres du son  grace à de micros déplacements captés par un Joystick (manette de jeu) Lors de cette rencontre organisée par le SCRIME, François Delalande nous a engagé à réfléchir à un moyen de rassembler les divers dispositifs musicaux créés par des compositeurs / luthiers / musiciens électroacoustique dans un lieu d'échange et de jeu musical.
L’évolution des technologies numériques à permis ces dernières années dans le domaine musical, la création de dispositifs électroacoustiques nouveaux, proposant des interfaces inédites entre l’homme et la machine.  Les ateliers permettent de regrouper, certains de ces instruments et d’en proposer la découverte à un public non spécialiste de la musique.
D’une part pour donner la possibilité aux concepteurs d’avoir un retour quant à l’utilisation de leur instrument par un public varié et d’autre part pour permettre à des « non musiciens » d’accéder à des instruments ne nécessitant pas un long apprentissage technique avant d’obtenir un contrôle de leur production sonore.

              Le second axe de ce projet est aussi d'ammener des élèves à venir travailler au sein de l'université. Nombres d'enfants de Talence passent quotidiennement devant les immenses grilles de l'université sans véritablement savoir ce qu'il se passe derrière. Les élèves des classes en « zone urbaine sensible » proches de l'université qui ont souvent participé aux ateliers pourront à présent se dire qu'ils ont déjà travaillé à l'université. Eux même comme leurs parents peuvent désormais s'autoriser à penser qu'aller à l'université ; "c'est possible". Un espoir "secret" de ce projet serait de pouvoir, un tant soit peu, faire évoluer certaines représentations qui interdisent à certains milieu de penser à s'engager dans des  études longues .
Ces ateliers sont proposés à des classes de la maternelle au Lycée, ils ont lieu au Château de Bonnefont (université de Bordeaux 1) Chaque jours trois dispositifs sont proposés. Chaque classe est accueillie sur une demi-journée elle est divisée en trois groupes ( 6 à 9 enfants ) qui rencontrent tour à tour  les 3 dispositifs.

2015 une 7ème Edition